En plus de l’over joué sur la 1/2 entre le CSKA et le Real, je m’autorise un combiné qui me plaît sur les deux demi-finales de ce vendredi. Je penche du côté de l’Efes et du Real Madrid pour accéder en finale, soit les deux “outsiders” des books. Entre guillemet bien entendu car il s’agit du Final 4 de la meilleure compétition européenne, le statut de favori n’existe plus à ce niveau de la compétition.

La première demi-finale est une opposition 100% turque, un derby stambouliote même, je ne pouvais pas ne pas m’étendre sur cette affiche assez spéciale du basket européen. Les supporters du Fener seront présents en masse (environ 3.000) et seront très bruyants, bien plus que ceux de l’Efes (environ 500 attendus). Si le Fener remportera la bataille en tribune, ce sera une toute autre affaire sur le parquet. Sur le papier et en théorie, le Fener est probablement la meilleure équipe de la compétition. Une équipe huilée comme jamais, coachée par le meilleur entraîneur de l’histoire de la compétition (9 Euroleague à son palmarès, la première en 1992 s’il vous plaît). Il s’agit d’un maître tacticien, doublé d’un fin psychologue dans la gestion humaine. Il arrive toujours à créer une âme de guerrier à son équipe, et lorsque cela s’applique sur un parquet, c’est de la poésie. Ainsi, les Turcs du Fener mettent une intensité telle sur le parquet que peu d’équipes lui résiste. Seulement 5 défaites en 30 matches de saison régulière et une défaite évitable en playoffs face à Zalgiris, soit un bilan européen de 33 V pour 6 D, le meilleur bilan vu jusqu’à présent. L’effectif d’Obradovic est énorme, avec beaucoup de profils défensifs et intelligents. Cette équipe ne joue pas vraiment pour faire le show ou pour flamber à 3 pts (sauf à domicile), elle joue pour gagner, et cela débute par une défense parfaitement quadrillée. Il est très compliqué de contourner ce bloc compact, toujours bien prêt tactiquement, qui se fait rarement avoir sur les mismatches. Je ne vais pas trop détailler les qualités de cette équipe, mais la base arrière est très sûre avec l’un des meilleurs meneurs, pressenti MVP de la saison régulière : Kostas Sloukas. Pour la stat, il n’a jamais perdu une 1/2 de F4 d’Euroleague sur les 6 qu’il a disputé. Kostas est très bien entouré, avec en doublure Bobby Dixon, un feu follet expérimenté et capable de prendre feu comme lors de la 1/2 disputée l’an passé face à Kaunas. Marko Guduric est un poste 2 avec un shoot très sûr, et Erick Green dispose de plusieurs minutes. Le Fener doit se passer de deux joueurs déterminants : Lauvergne à l’intérieur et Gigi Datome au poste d’ailier, peut-être le joueur le plus complet de cette équipe, capable de tout faire. Un vrai coup dur que de se passer de lui puisqu’il n’a manqué aucun match d’Euroleague cette saison (9 pts de moyenne, 57% à 2 pts, 40% à 3 pts, 90% aux LF, 3,5 rbds de moyenne). En plus des deux absences, le Fener jouera avec Kalinic et Vesely diminués. Ca sentait l’intox depuis le début cette histoire de “ils sont presque forfaits” mais comme par hasard ils seront disponibles. Vesely est l’un des meilleurs pivots d’Europe (élu dans la 1st team au poste 5 l’an passé) et il serait en lice pour le titre de MVP sans ses blessures cette saison. Sa présence est fondamentale puisqu’il s’agit du seul intérieur de très haut niveau avec Melli en l’absence de Lauvergne et Datome (qui est plus un ailier). Kalinic est un joueur aux statistiques insignifiantes offensivement mais contribue énormément en défense et peut défendre n’importe quelle position. Ainsi le poste de Nicolo Melli sera primordial dans un secteur intérieur diminué.

Même touché par les absences, le Fener peut aller au bout tant cette équipe peut éteindre ses adversaires. Cette équipe est faite pour gagner, dispute son 5ème Final 4 de suite et a atteint la finale lors des 3 dernières éditions, mais ne semble pas arriver dans les meilleurs conditions. Honnêtement, cela ne change pas grand chose car il s’agit d’un match couperet et le Fener est taillé pour ce genre d’événement, mais j’ai le pressentiment que cette saison pourrait s’arrêter avant une finale européenne. Peu d’équipes sont capables de battre le Fener, mais il y en a une en particulier qui pourrait le faire, c’est bien l’Efes Istanbul, rival national. Cette équipe a réussi une saison très aboutie, et n’a plus rien à prouver, si ce n’est aller chercher ce prestigieux titre européen. L’équipe bâtie à l’intersaison a donc rapidement donné ses fruits en allant jusqu’à ce Final 4 en Espagne. S’il y a bien une équipe capable de résister au Fener à le faire douter, c’est bien l’Efes Istanbul. Deux équipes qui se connaissent très bien puisqu’elles s’affrontent en moyenne 10 fois par saison. Déjà 6 affrontements cette saison, et 3 victoires de chaque côté. Il y aura donc un 7ème affrontement ce vendredi avant de les retrouver très probablement en finale des playoffs de Turquie dans 1 mois. 3 victoires de chaque côté donc chacun 1 fois en championnat, 1 fois en Euroleague et une fois sur un match couperet (Supercoupe ou Coupe de Turquie). Difficile de faire plus équilibré à l’heure actuelle. Une affiche opposant deux équipes du même pays est toujours particulier en Coupe d’Europe, quel que soit le sport. De base, en Euroleague, j’ai tendance à jouer l’outsider dans ce cas-là car il s’agit de deux équipes qui se connaissent très bien (que ce soit Fener/Efes, ou bien Real/Baskonia ou bien CSKA Moscou/Khimki Moscou). Ainsi, le rapport de force n’est pas une opposition vraiment “exclusive” car les équipes se connaissent très bien. Un peu à l’image de la LDC de foot où City vient de se faire sortir 2 fois de suite par une équipe anglaise malgré sa domination dans le championnat local.

L’Efes s’appuie sur un backcourt très performant avec une doublette Micic/Larkin. Larkin connaît le plus haut niveau de l’Euroleague et s’est essayé en NBA à Boston par la suite. S’il ne semble pas avoir le physique nécessaire et la confiance des coaches américains, il fait largement le travail en Euroleague, lui qui a fait une saison assez calme avant d’exploser en playoffs, là où on reconnaît les grands joueurs. 5 matches, 20 pts de moyenne, 20 d’évaluation moyenne, 50% à 3 pts dont un 6/7, rien que ça… Il n’existe pas de prix du MIP en Euroleague (décerné au joueur ayant le plus progressé entre 2 saison en NBA), mais il irait sans débat à Micic, le talentueux arrière dont les franchises NBA commencent à s’interroger sur sa présence où non dans le championnat nord-américain à court terme (et avec raison !). Meilleur passeur de son équipe, près de 40% d’adresse à 3 pts, une vision de jeu hors-norme, un sens collectif très développé et la capacité de porter son équipe. Bref, un combo guard très redoutable qui peut encore progresser et côtoyer les sommets européens à terme. Pour combler cette très belle doublette d’arrière, il y a le Français Beaubois, un meneur shooteur irrégulier qui a vécu une fin de saison moyenne, mais qu’il ne faut pas sous-estimer. Un autre soutien à l’arrière, mais qui joue plutôt comme un 2/3 c’est Krunoslav Simon, le sniper croate, complet lui aussi avec plus de 3 assist et 3 rbds par match cette saison. Le secteur intérieur de l’Efes a aussi de très bons arguments avec une doublette au poste 5 très homogène. Tibor Pleiss, long de 2,21 mètres forme un duo redoutable avec Bryan Dunston, l’un des pivots les plus athlétiques et explosifs de la compétition. Le Fener va devoir trouver les bons ajustements tactiques vu leurs absences pour contrer une équipe aussi puissante dans la raquette. Pour aider ces deux-là, il y a notre Frenchie Adrien Moerman auteur de la meilleur saison de sa carrière assurément. Un ailier tellement complet, 12 pts, 6,5 rbds, + de 40% à 3 pts, 15 d’évaluation, 5 matches de playoffs à + de 10 pts dont 18 pts dans le Game 5 décisif face au Barca son ancien club qui s’en est facilement débérassé l’été dernier pour ramener Singleton à sa place (les supporters catalans apprécieront). On finit la présentation avec James Anderson, révélé au Khimki Moscou l’an passé, lui aussi un ailier complet avec une belle adresse. Le coach Ataman a parfaitement construit son équipe et la dirige avec brio, selon moi le coach de la saison régulière. L’Efes Istanbul va disputer son premier Final 4 depuis 2001. On passe maintenant à un point crucial à ce niveau de la compétition : l’expérience. Si le Fener vient de disputer 3 finales de suite, ce n’est pas du tout le cas de l’Efes qui se retrouve si haut pour la première depuis très longtemps. De plus, son effectif n’est pas réellement composé d’anciens vainqueurs, mais plutôt de joueurs confirmés. La différence est mince, mais peut avoir son importance. Personne ne doute du fait que l’Efes est à sa place au Final 4 et un prétendent sérieux pour faire chuter son ennemi dès la 1/2 finale, mais il va falloir tenir le coup sur 40 minutes. Car face au Fener, le moindre passage à vide est puni, surtout dans le QT4, et ça, toutes les équipes y ont goûté, même le Real et le CSKA pourtant des habitués des grands RDV. L’Efes a tout pour embêter son adversaire turc, mais devra réciter son jeu le plus longtemps possible, et surtout dans le money-time où il est compliqué de tenir le Fener.

Malgré tout, cette équipe arrive à maturité et au pic de sa forme à Vitoria-Gasteiz. Chaque équipe a prouvé ses qualités durant toute la saison, le Fener est objectivement meilleur mais avec 2 joueurs absents et 2 joueurs diminués, tous du secteur intérieur, l’équilibre de cette équipe est fragilisé. L’Efes est à son premier coup d’éclat depuis une éternité dans cette compétition, mais possède un effectif qui lui a déjà vécu des playoffs et RDV importants qui devrait savoir gérer ce genre d’événements. On finit par un point statistique pour une nouvelle fois afficher l’homogénéité de cette rencontre : 2 équipes à presque 60% à 2 pts, 2 équipes à + de 40% à 3 pts, l’Efes est légèrement plus altruiste et possède une évaluation collective supérieure à celle de son adversaire pour quelques points. Le Fener domine plus dans le secteur défensif en attribuant moins de 30 rebonds de moyenne (seule équipe à – de 30 dans cette saison), limite les assists adverses, tout comme la réussite extérieure adverse avec – de 35% de 3 pts encaissés, une stat qui à son importance car le jeu de l’Efes passe énormément par le backcourt. Bref, toutes ces stats et ces explications pour montrer que le duel s’annonce très équilibré. Pour une mise divisée par 2, il est possible de tenter l’Efes en cote sèche, mais de mon côté, je préfère assuré avec un bon handicap de près de 10 pts.

Cet handicap est combiné avec un gros handicap sur le Real Madrid. Il est possible de lire mon avis sur l’autre 1/2, CSKA/Real, ici. L’angle de l’analyse est portée sur le nombre de points, mais à travers les lignes, j’explique que le Real est bien placé pour réaliser le back-to-back en Euroleague (@3,60). Là aussi, la cote sèche du Real peut se tenter en demi-mise, mais je couvre large. Il est possible de jouer les handicaps jusqu’à 6,5 pts pour chaque équipe dans ce combiné, je suis conscient que peu de books offrent les handicaps alternatifs de Parionsweb, mais pour garder le côté “sécurisant”, il vaut mieux jouer des handicaps de minimum 5,5 ou même 6,5 car en fin de match serré, si une équipe craque, l’écart peut atteindre les 4 ou 5 points en quelques secondes avec les lancer-francs, d’où le fait de bien se couvrir dans des affiches aussi serrées et indécises.